Est-ce que les réseaux sociaux nous mentent ?

L’identité numérique, c’est quoi ?

Par Jasmin Cadieux, Léa Bagdadi, Karim Fayad, Lola Aplogan

L’identité numérique renvoi à l’ensemble des traces numériques qu’une personne laisse sur Internet. En particulier sur les réseaux sociaux. Ces traces s’avèrent être facilement trouvables sur le web, malgré tous nos efforts afin de les supprimer. Par identité numérique, on parle de pseudo, courriel, nom et prénom, avatar, signature visuelle, commentaires généraux sur les publications des autres, opinion politique, appartenance, etc…

Bref, l’identité numérique, ça englobe tout ce qu’on décide de partager avec le web et ça laissent des traces indéfiniment. Les réseaux sociaux conservent d’ailleurs nos renseignements personnels ou nos publications, et ce, malgré la désactivation de nos comptes.

La création d’une identité

Dans l’époque actuelle, les natifs numériques ont été confrontés dès le plus jeune âge à une multitude de médias sociaux disponibles de toute sortes. L’accès est facile et c’est en partie pourquoi les réseaux sociaux prennent maintenant une place très importante. Nous prêtons une attention particulière à l’image que nous renvoyons sur ces derniers. Nous voulons bien paraître, avoir l’air d’avoir notre vie en main et joyeuse. Il est très difficile de se créer une identité dans la vie de tous les jours.

À l’adolescence et début de vie adulte, on se cherche énormément. On ne sait pas ce qu’on aime, qui on est et quelles sont nos valeurs. Nous sommes fortement influencés par notre entourage et depuis les réseaux sociaux, celui-ci s’étend de plus en plus. Dans l’entourage, autre que la famille et les amis, on peut maintenant compté les créateurs de contenus ainsi que toutes les pages de contenus suivies sur le web. La comparaison avec eux se fait facilement, et le dénigrement qui s’en suit tout également.

Après une grosse journée, quelle meilleure façon de se détendre que de scroller pendant des heures pour voir ce que ses amis et autres personnalités publiques ont fait durant les heures passées. S’apercevoir qu’ils semblent avoir eu beaucoup plus de plaisir que soi rend triste. Même si plusieurs sont conscients de l’éphéméride des réseaux et de leur mise en scène.

Il est facile de retoucher l’éclairage pour que le ciel soit plus bleu ou de choisir la plus belle photo, parmi les 100 autres où personne ne souriait. Une dispute ou une infestation de fourmi est vite camouflée par :« Incroyable journée en incroyable compagnie ». C’est en voyant toujours des publications ainsi qu’on se remet en question et qu’on conclut que notre vie n’est pas aussi palpitante.

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Recherche d’intimité

Face à cette surexposition, on remarque que les utilisateurs cherchent de plus en plus à retrouver une forme de vie privée. Pour répondre à ce besoin, les géants du numériques ont inventé des espaces privés sur leurs plateformes. Dans ceux-ci, on peut publier du contenu à une audience choisie et restreinte . C’est dans ces sphères , à l’abris des regards jugeurs, que les utilisateurs publient des moments de leur vraie vie.

Ce système permet aux créateurs de diffuser un type de contenu simple, efficace et sans prise de tête puisqu’il disparait après 24 heures. Avec le contenu éphémère, c’est comme si on se donnait la permission d’être un tout petit peu moins parfaits. Pour l’auditeur, seul derrière son écran, ce contenu permet de voir le quotidien de gens comme lui. Voir la réalité de gens « normaux » qui se rapproche beaucoup de la sienne lui permet de se sentir moins seul. L’application BeReal permet un système semblable à l’aide d’une photo par jour qui doit absolument décrire ce que l’on fait au moment où nous voyons la notification apparaître.

Il est assez intéressant de voir que les individus réalisent de plus en plus l’importance de la vie privée alors qu’il n’y a encore pas si longtemps l’objectif était de se montrer à tout prix.

La course au plus impressionnant

L’envie de paraître cool sur les réseaux sociaux représentent un réel enjeu qui pousse certains à mentir. On peut maintenant louer un décor de jet privé pour quelques heures afin de faire croire au public que l’on a les moyens de s’en payer, un peu comme nos stars préférées. D’autres prétendent être en voyage dans les quatre coins du monde alors qu’ils sont en réalité chez eux. Il y a même des tutoriels créés par des créateurs pour montrer comment il est possible de fabriquer un faux décor en quelques minutes.

L’art de la « relatabilité »

À la suite de la pandémie, une vague d’acceptation de soi et de me time apparaît sur les réseaux sociaux. On a droit à de longues stories d’influenceurs qui nous expliquent que tout le monde est beau comme il est et que tout le monde vit une vie plate. Le hashtag nofilter encourage les photos naturelles, les filtres retouchant la forme du visage ou la teinte de peau sont dénoncés et les entreprises de linge confortables se multiplient.

Après avoir passé plusieurs semaines pris chez soi, alors que toutes les attractions aient fermés, on en vient à promouvoir une vie plus tranquille et naturelle. On souhaite montrer que tous et toutes ont une vie peu palpitante. C’est alors que survient la tendance des photo dump.

Représentant une thématique ou un résumé du mois, ce carrousel publié sur Instagram est un choix de photos fait presqu’au hasard. Que ce soit une sieste sur un fauteuil, un verre de vin renversé ou une photo ratée entre amis, cela se veut être sur le vif, montrer la vraie vie. Alors qu’on priorisait une seule photo parfaitement éclairée et agencée, dorénavant, on en choisie jusqu’à 10 et si une est floue, il s’agit presque d’un plus!

Toutefois, si cette tendance se veut représentative d’authenticité, elle rejoint certains éléments de « la photo parfaite » d’autrefois. En effet, durant le mois, on prendra des photos dîtes « au hasard » afin d’avoir tout de même un choix pas si hasardeux de souvenirs à publier dans le dump de fin du mois.

Quels impacts sur l’avenir?

Le fait de mettre autant d’importance sur les réseaux sociaux va amener à un certain sentiment de perte intérieure: on ne se rend plus compte de ce qui est la réalité et ce qui ne l’est pas.

Les adolescents concentrent la majorité de leur temps sur les différents réseaux sociaux. Durant les 25 dernières années, cela a causé une hausse de 70% de l’anxiété ou de la dépression. Et ce n’est pas un hasard. En effet, voir défiler à l’infini des images ou des vidéos d’une vie qui semble impossible à obtenir peut créer un stress. Voir les autres vivre une vie « parfaite » crée un désir d’avoir la même vie. Dû à des circonstances  socioéconomiques, on ne peut pas tous avoir le même style de vie. Avec le temps, ne pas être comme les « autres » peut rendre des adolescents en plein développement émotionnel jaloux. Ils ne se rendent pas compte que cela n’est pas réaliste.

L’approbation sociale ne fait que prendre de plus en plus d’ampleur. Les gens partagent cette image parfaite qu’ils veulent montrer aux personnes qui les suivent et prennent un « like » ou un commentaire comme le summum du bonheur. En voyant ce contenu, les jeunes veulent montrer une partie minime de leur identité: celle qu’ils pensent être la plus impressionnante. Or, cela peut représenter un certain danger puisque les gens chercheront plusieurs moyens pour « impressionner » leur audience.

Tout cela peut amener à agir dangereusement. La pression sociale des autres pousse les jeunes à vouloir repousser leurs limites, mais de la mauvaise manière. Il est normal pour un adolescent de vouloir créer une belle image de lui-même. Il ne faudrait simplement pas que cela devienne le but principal de l’existence. Malheureusement, c’est la réalité d’aujourd’hui et ça ne semble pas vouloir s’améliorer dans les prochaines années.