Est-ce que la twiplomacie remplacera la diplomatie?

Traditionnellement, la diplomatie est basée sur la communication de personne à personne, majoritairement entre diplomates envoyés par des dirigeants politiques. La diplomatie a donc pour mission de promouvoir les intérêts de leurs États-nations en faisant des compromis. La diplomatie numérique, plus communément appelée twiplomacie, est la progression de la diplomatie conventionnelle par l’utilisation du réseau social Twitter. Cette plateforme est, dans le cas de la twiplomacie, utilisée par les dirigeants et les gouvernements afin de communiquer de façon plus directe avec les citoyens.

La diplomatie numérique est beaucoup plus que l’utilisation de la technologie comme nouveau médium de communication pour les réseaux diplomatiques. En effet, elle est aussi un moyen d’atteindre un plus grand public et d’élargir les parties prenantes de la diplomatie traditionnelle. Par conséquent, dans le cyberespace mondial, où la diplomatie a évolué au-delà des télégrammes et ne se limite plus à une sphère de coopération géographique bien définie, la diplomatie numérique est devenue un levier pour amplifier le pouvoir des États à prendre ouvertement position (en totale transparence).

Ainsi, les politiens peuvent plus facilement divulguer des informations stratégiques de manière contrôlée. Que ce soit pour des raisons politiques ou encore concernant des problèmes régaliens, le public visé est beaucoup plus accessible. La diplomatie numérique agit donc comme une vitrine pour la politique. Elle lui crée une image et donne naissance à un type de marketing politique qui vise à attirer des alliés étrangers potentiels. Elle normalise aussi le dévouement d’un État à l’action internationale via l’utilisation de nouvelles plateformes.

Pourquoi la twiplomacie?

Twitter est beaucoup utilisé par les chefs d’État, les gouvernements, les ministères des Affaires étrangères et les diplomates pour la mise en œuvre de la diplomatie publique. Il a été remarqué que Twitter est utile pour transmettre des messages courts et recevoir des commentaires. Cela suggère que la twiplomacie devient de plus en plus importante à l’échelle mondiale.

La popularité de la twiplomacie peut s’expliquer par l’intérêt des individus de s’impliquer personnellement et d’aussi participer à la politique. Les gens ne veulent plus être des observateurs passifs, mais veulent être impliqués dans le processus politique. Twitter et d’autres réseaux sociaux offrent cette opportunité. La plateforme permet aux gens d’exprimer leurs opinions, partager des informations pertinentes ou participer à des discussions. De plus, les réseaux sociaux aident à contacter et connecter le public avec des dirigeants, des gouvernements et des diplomates. Auparavant, ces personnages politiques semblaient inaccessibles. Ainsi, les réseau sociaux favorisent des niveaux plus élevés de transparence et d’accessibilité pour le public. Ces plateformes aident aussi à développer un niveau de confiance plus élevé envers les institutions gouvernementales et les chefs d’État. Ainsi, cela a pour conséquence de créer un plus grand sens de la communauté pour les internautes.

Politique américaine et twiplomacie

La twiplomacie a particulièrement pris une plus grande importance avec la présidence de Donald Trump. L’ancien président était déjà un fervent utilisateur de Twitter. Donc, lors de sa présidence, il publiait de manière erratique ses commentaires et opinions sur d’autres dirigeants de nations, à la fois positifs et négatifs. De plus, le langage de Trump dans ses tweets allait à l’encontre des normes de communication diplomatique traditionnelle. Il utilisait des injures, des menaces et des commentaires dramatiques. En effet, il suffit de se rappeler les insultes fréquentes de Trump sur le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, le traitant de « Little Rocket Man ». Un tel exemple illustre comment la twiplomacie peut provoquer des tensions entre pays plutôt que des amitiés.

L’ancien président a d’ailleurs été banni de Twitter en 2021 à la suite de propos encourageant la violence qui avait mené à une invasion du Capitole. Le comportement de Donald Trump contraste beaucoup avec les pratiques de son prédécesseur, Barack Obama. Ce dernier, pendant sa présidence, avait une approche de twiplomacie posée et plus contenue. Obama a été le premier président à créer des comptes sur les réseaux pour la maison blanche, pour la première dame des États-Unis et plus encore. Il est par ailleurs considéré comme un modèle lorsqu’il est question de twiplomacie.

De la twiplomatie au Québec?

Il a pu être constaté pendant les élections provinciales de 2022 que la diplomatie digitale a été employée par les partis. Ces derniers ont d’ailleurs reconnu le besoin d’avoir une présence en ligne. Ainsi, les partis ont réalisé l’avantage que portent les médias sociaux dans une campagne électorale. Le Parti libéral disait à ce sujet que c’est un outil « qui permet de rejoindre des Québécois qui ne suivent peut-être pas de manière assidue l’actualité politique. »

En plus des médias traditionnels, les partis se sont aussi aventurés sur de plus récentes plateformes. Par exemple, ils ont utilisé TikTok, pour rejoindre une audience plus jeune. Sur l’application, François Legault est le créateur avec le plus d’abonnés, suivi de Québec Solidaire qui se retrouve deuxième. Le Parti conservateur et Dominique Anglade sont exæquo en troisième position. Éric Duhaime les précède d’une dizaine de centaines en moins. Finalement, le Parti québécois se retrouve dernier. Ayant gagné les élections, pourrions-nous attribuer une partie du succès de François Legault à son nombre d’abonnés et sa présence sur les réseaux sociaux?

Par Taisha Mortel, Sarah-Maude Daviau, Julianne (Juan) Vézina et Laurianne Ayotte

Sources

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DANNER, Chas. « Trump May Not Understand What North Korea Has Committed To.», New-York Magazine, 22 avril 2018, réf du 19 octobre 2022, https://nymag.com/intelligencer/2018/04/trump-may-not-understand-what-north-korea-has-committed-to.html

DE ROSA, Nicholas. « Les médias sociaux, un outil de campagne indispensable pour les partis politiques.», Radio-Canada, 26 août 2022, réf du 19 octobre 2022, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1907176/medias-reseaux-sociaux-partis-politiques-quebec-tiktok-2022

DESCURNINGES, Clara. « Les réseaux sociaux sont maintenant l’un des principaux champs de bataille électorale.», Le Soleil,  26 août 2022, réf du 19 octobre 2022, https://www.lesoleil.com/2022/08/26/les-reseaux-sociaux-sont-maintenant-lun-des-principaux-champs-de-bataille-electorale-681c750b22d1122cb06273d7e868c7a5

MELOCHE-HOLUBOWSKI, Mélanie. «  La « Twiplomatie » ou l’art de faire de la diplomatie sur le web.»  Radio-Canada, 11 novembre 2017, réf du 19 octobre 2022, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1066574/twiplomatie-dirigeants-reseaux-sociaux-carte-graphiques

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