Trump, Twitter et la politique

Le 8 novembre 2016, Donald Trump est devenu le président d’une des plus grandes puissances du monde : les États-Unis d’Amérique. Le mode de vie étatsunien démontre bien  l’influence incessamment croissante des médias sur l’individu dans un monde où Internet domine.

Effectivement, les États-Unis ont maintenant comme dirigeant un homme qui utilise Twitter comme principale source de diffusion d’information. De confessions. D’exposition. De partage. Bref, de tout. Et ce, souvent par excès de rage et sans réflexion. 

Mais, où est le problème là-dedans ? Et bien, c’est que Donald Trump est un leader d’opinion très primé qui obtient de plus en plus de visibilité à chaque fois qu’il clique sur le bouton « Tweeter ». En plus d’être le président des États-Unis, il est une personnalité publique à cause de sa forte présence sur les réseaux sociaux dont Twitter.

Aujourd’hui, visibilité est souvent synonyme de pouvoir. Avec Internet, il est moins nécessaire d’en savoir sur ce que l’on dit que de parler fort.

Leaders d’opinion: origine

Vers la fin du XIXe siècle, Gabriel Tarde développe la théorie de la psychologie des foules. Elle introduit le fait qu’une foule est constituée de « leaders d’opinion », ou meneurs, qui influencent des menés. Ici, il y a un rapport direct entre les influenceurs et les influencés. Les médias n’interviennent pas.

D’ailleurs, en 1955, Elihu Katz et Paul Lazarsfeld publient un ouvrage intitulé Influence personnelle: Ce que les gens font des médias. Les auteurs y présentent une théorie clé des études sur la communication: the two-step flow of communication. Cette théorie stipule que les mass media ont une influence directe sur les « leaders d’opinion » qui à leur tour influencent le reste de la population. 

Donc, un leader d’opinion vient apporter ses idées et ses opinions à un public. Ce public, surtout avec l’arrivée de plateformes numériques, le suit religieusement. Puis, ce sont les médias qui le poussent à influencer. Cette thèse est d’autant plus exacte depuis l’arrivée des nouveaux médias: Twitter, Facebook…

© rawpixel
Twitter et ses leaders

En appui, CEFRIO a démontré dans une étude réalisée en 2017 que plus de 90% des jeunes entre 18 et 34 ans s’informent principalement sur les plateformes numériques. Subséquemment, Katz et Lazarsfeld étaient sur la bonne piste.

Notamment, les leaders d’opinion présents sur Internet viennent transformer les discours publiques. La politique n’est plus la même. Et la démocratie non plus. Twitter force les gens à être concis dans leurs discours en imposant une limite de caractères pour chaque gazouillis.

Ils ne les amènent toutefois pas à écrire de façon éloquente.

Les gazouillis conduisent plus les utilisateurs de Twitter à écrire en profusion. Cette forme d’écriture est beaucoup plus construite pour de courtes déclarations faites à la qui vive. Et ce, surtout car il est facile d’en écrire plusieurs les uns après les autres.

 

© geralt

 

Donald Trump et son compte Twitter

Même en ne suivant pas la politique américaine, il est difficile de ne pas connaitre l’existence du compte Twitter de Donald Trump.

Habituellement, un dirigeant va rapporter à sa nation des informations importantes à travers un compte officiel administré par une équipe de rédaction. Par contre, Donald Trump ne le fait pas.

En effet, il transmet toute information, pertinente ou non, sur son compte Twitter personnel. Trump gave les gens de gazouillis de toutes sortes. Autant sur les relations internationales des États-Unis que sur la vie personnelle de leur président.

Le danger ici est que la politique devient futile. Les gens ne prennent pas au sérieux Donald Trump, mais ils le gardent tout de même comme dirigeant de leur pays. Tout ce qu’il dit est pris à la légère car la façon dont il parle et la manière dont il divulgue les informations sont toutes deux peu crédibles.

© Nerdwriter1

Dans ce vidéo, l’auteur stipule que Donald Trump ne fait pratiquement pas de conférences de presse ou d’entrevues à la télévision. Par contre, il continue à manipuler les gens à l’aide de son compte Twitter. C’est une différente approche, une présence médiatique plutôt qu’une présence physique.

Un nouveau type de dirigeant

Bref, un président qui gouverne son pays tout en publiant des paragraphes furtifs à 280 caractères est quelque peu absurde. 

En effet, en 1892, Gabriel Tarde disait que « les cancres […] d’un robuste orgueil et d’un intraitable caractère ont bien plus de succès. » Il me semble qu’il voyait arriver un monde où des hommes politiques auraient des comportements semblables à celui de Trump. Ce type de personnes existent partout et gardent derrière eux de nombreux supporteurs. 

C’est à cause de cela que la démocratie et la politique ne sont pas les mêmes aujourd’hui. L’arrivée des réseaux socio-numériques a eu un immense impact sur tout. C’est la façon dont les dirigeants gouvernent, que les informations sont transmises et notre mode de vie qui ont tous été touchés.

Sources:

90% des 18-34 ans s’informent surtout sur les plateformes numériques

Les crimes des foules, Gabriel Tarde (1892)

Les deux étages de la communication (The two-step flow of communication), Elihu Katz, 1956

The age of Twitter: Donald J. Trump and the politics of debasement, Brian L. Ott
Crédit de l’image mise en avant: Anaïs L’Heureux