Médias sociaux et extrémisme

De plus en plus d’évidences pointent vers le fait que les algorithmes qui structurent nos plateformes de médias sociaux augmentent l’oppression, souvent sans le vouloir. Comme les moteurs de recherches et la recommandation de contenus découlent du comportement des utilisateurs, ceux-ci se noient dans l’univers de leur propre opinion, effaçant par le fait même la pluralité des points de vue et tendant vers la radicalisation.

La haine a la cote

Assaut du Capitole américain en Janvier 2021, CTVNews

Tout d’abord, il est important d’établir que la radicalisation apparaît comme un processus dans lequel les individus sont déstabilisés par divers facteurs environnementaux, exposés à une idéologie extrémiste, puis renforcés par les membres de leur communauté. Dans cette optique, les médias sociaux et leurs algorithmes occupent un rôle majeur dans la pérennité des groupes extrémistes.

On remarque les effets dévastateurs de ces algorithmes lorsqu’on s’intéresse aux mouvements empruntant des idéologies extrémistes : « Le nombre d’attentats terroristes perpétrés par des auteurs d’extrême droite a augmenté [aux États-Unis] au cours de la dernière décennie, ayant plus que quadruplé entre 2016 et 2017. » Essentiellement, les médias sociaux servent d’outils redoutables pour les adeptes d’idéologies extrémistes et leurs meneurs.  Selon une étude sur la diffusion des idéologies extrémistes aux États-Unis, deux causes principales alimentent cette montée en popularité des mouvements extrême droite :

  • l’appartenance à un groupe
  • un phénomène appelé le « social contagion process », ou processus de contagion social

Plateformes sans-frontière

En premier lieu, ces plateformes sociales facilitent la création de groupes. Elles facilitent également, la formation de communauté de gens partageant les mêmes idées et intérêts. Les barrières physiques autrefois ralentissaient, voire empêchaient complètement les gens perpétuant des idées haineuses de se regrouper et d’agir ensemble. Aujourd’hui, ces frontières n’existent plus. Il est plus facile de trouver, recruter et engager des gens partageant les mêmes idées. Ces gens peuvent facilement se regrouper et s’organiser pour mettre à profit leurs idéaux haineux. C’est un des phénomène qui explique l’assaut du Capitole en Janvier 2021 par des suprémacistes blancs aux États-Unis. Ainsi, Facebook héberge ces groupes, où se diffuse les fake news et du contenus susceptibles d’inciter à la violence.

Pouvoir des fakes news

En second lieu, ces sites permettent de partager facilement des idées qui nourrit leur thèse. En effet, une journaliste américaine s’est intéressée à la corrélation entre ces deux phénomènes. Soit, celui de fake news et de la montée du mouvement suprémaciste blanc. Celle-ci avance que la désinformation est utilisée pour diviser les gens. « [Les leaders de ces organisations] visent leurs mensonges sur des lignes de fracture sociales préexistantes pour atteindre leurs objectifs. »

En 2018, une rumeur court sur les médias sociaux affirmant qu’un leader du groupe Black Lives Matter serait poursuivi pour détournement de fonds. La rumeur est fausse mais, rejoint tout de même les détracteurs du mouvement.

Une influence en politique

Prenons comme exemple le Breitbart News. Ce média de droite est l’un des plus influent aux États-Unis après Fox News. Il est une des sources premières de cette Amérique raciste, antisémite, homophobe et antiféministe. On va jusqu’à dire qu’il a été une des influences premières qui a contribué à l’élection de Trump. Leurs tactiques auront été de mettre de l’avant différents discours haineux et plusieurs mensonges à l’égard du camp adverse. Voici un exemple: « Créé en 2007, le site de la droite radicale et xénophobe a favorisé la victoire de Trump. Son patron Stephen K. Bannon était directeur de campagne du milliardaire. Le voici nommé conseiller principal à la Maison-Blanche. » De plus, la popularité que les gens accorde à ce média aux États-Unis incite ces extrémistes à prendre de l’expansion. finalement, c’est pourquoi il y aura la création d’une version française, afin d’offrir une chance supplémentaire de faire tomber plus de gens aux mains de l’extrême droite.

Quelles sont les limites?

Essentiellement, il serait temps de se questionner sur ce que nos plateformes de médias sociaux permettent de faire. Tous les aspects de la société sont teintés de notre utilisation invasive et constante des médias sociaux et de l’Internet. C’est à se demander si les algorithmes qui structurent ces plateformes ont trop de pouvoir sur nos vies. Pour cette raison, beaucoup appellent à l’abolition de la privatisation des codes sources des GAFAM, pour faire en sorte que les algorithmes soient visibles par tous. Peut-être cela nous permettrait-il de mieux comprendre l’effet qu’elles ont sur notre navigation et nos comportements en ligne. Existe-il une façon de contrôler le pouvoir des algorithmes? Faudrait-il utiliser différemment nos plateformes de médias sociaux, voire moins?

Rédigé par Emmanuelle Bronsard et Maxime St-Jean dans le cours du EDM1560 – Automne 2021 – Université du Québec à Montréal