Les réseaux sociaux et la perception de soi
Avec la montée en popularité des réseaux sociaux, ceux-ci occupent une très grande part de notre quotidien. Leur omniprésence nous amène à remettre plusieurs choses en question dont notre perception de nous. C’est pourquoi nous allons nous intéresser à l’uniformisation de la beauté, le monde des influenceurs et la « Cringe Culture ».
Réseaux sociaux et standards de beauté
Toute personne peut embellir le contenu qu’elle publie. Les réseaux sociaux sont une représentation déformée de la réalité quant à l’aspect esthétique. Les filtres en sont un bon exemple, puisqu’ils permettent d’accéder à cette beauté. Cependant, tout ce qui gravite autour de ces filtres a un impact sur la perception de l’apparence de ses utilisateurs. Notamment, le vocabulaire de catégorisation de ces filtres. Ceux-ci utilisent souvent le terme « beauty-enhancing ». Le concept de beauté s’associe à cette transformation virtuelle, puisque même le nom renforce cette idée.
Aussi, la répétition des mêmes traits physiques dans ces filtres renforce leur légitimité en tant que mesure de la beauté. La vision idéalisée et modifiée de nous-mêmes crée une sorte de détachement.
L’omniprésence de cette perfection physique provoque aussi le désir de s’y conformer surtout si on n’y correspond pas. Une validation des autres souvent axée sur notre apparence est possible en correspondant à cette perfection. Tous ces facteurs amplifient le manque de confiance de la personne. Cela signifie que personne n’échappe aux idéaux de beauté virtuels. On favorise un corps musculeux pour les hommes. D’autre part, la minceur est favorisée pour la femme.
Il est essentiel d’être en mesure de différencier les représentations authentiques de celles retouchées. Cette prise de conscience favorise une certaine distanciation face au contenu que l’on voit, donc une plus grande appréciation de son apparence physique.
Les différentes perceptions culturelles
Le concept de « Cringe » signifie, selon Merriam-Webster : « Montrer de la gêne ou du dégoût ». Cependant, dans un contexte médiatique prônant l’expression de l’identité, il peut rapidement devenir véhicule de rabaissement et d’humiliation. Le terme « Cringe Culture » descend du terme « Cultural Cringe ».
Utilisé en 1950 par Arthur Phillips, ce terme caractérise la propension des Australiens à considérer leurs réalisations comme moins significatives que celles des Anglais. Le ridicule attribué à certains passe-temps rabaisse la culture de l’autre. À travers les réseaux sociaux, cet humour dérisoire peut pousser certaines personnes à changer leurs habitudes et façons de penser.
Cette façon de penser se base sur un raisonnement universaliste. Elle se détermine par plusieurs comme étant une forme de racisme et de discrimination. Cette forme de discrimination s’observe de la part de certains « YouTubers » ayant des propos haineux envers certaines personnes avec un comportement différent.
Les différents influenceurs pratiquant la « Cringe Culture » peuvent pousser certains utilisateurs à abandonner leurs intérêts. Les utilisateurs se sentent ainsi reconnus par la majorité.
Cette forme de faible censure s’observe plus radicalement avec TikTok en Inde où les castes socialement plus élevées traitent de « cringe » les vidéos produites par les membres des castes inférieures.
La chambre d’écho médiatique
Dans la culture actuelle, il y a une forte importance accordée à la réussite et au paraître. Certaines personnes mettent en valeur leurs biens matériels sur le web. Cet acte, lié à la richesse, permet l’atteinte d’un statut social qui serait autrement inatteignable. Les figures sociales sur les réseaux sociaux promeuvent les idéaux de beauté et des possessions matérielles. Le terme « influenceur » s’utilise pour définir ces personnes. Parmi eux, il y en a qui sont prêts à s’inventer une vie pour leurs publics. Pour eux, il est donc important d’avoir une bonne perception du public pour avoir un maximum de « subscribers » et de « like ».
Afin d’être présents dans l’algorithme populaire des médias sociaux d’aujourd’hui, les influenceurs de ce monde doivent correspondre au nouveau standard. Ils deviennent donc esclaves de l’algorithme puisque ce qui se rapproche de la réalité n’est plus ce qui est important. Ils ne font que montrer ce que leur public leur demande d’être pour aller chercher le plus grand nombre de clics. Des techniques de plus en plus frauduleuses de l’authenticité se font utiliser dans le but d’attirer le maximum de paires d’yeux sur leur création. Il y a donc une question éthique à se poser puisque ces pratiques s’éloignent de ce qui est réel, mais crée de l’engouement chez les consommateurs.
Sur les réseaux sociaux, il n’est pas rare que des communautés se créent regroupant des gens qui pensent de la même façon. Ceux-ci ne sont donc plus exposés à des « standards » différents. Ce phénomène s’appelle « l’écho chamber ». Les membres sont moins compromis à des standards différents. Cependant, l’exposition à un même contenu n’aide en rien une personne à développer une capacité d’acceptation de la différence.
Percevoir l’irréel
L’association de ce genre de contenu à la notion de perfection affecte négativement les individus exposés. De plus, cela amène les consommateurs à se comparer à des standards impossibles à atteindre. Certains d’entre eux développeront un grand mal-être et une recherche constante vers l’acceptation de soi-même. C’est à se demander si les médias sociaux dont le contenu est retouché causent finalement une réflexion continue sur ce qu’est la réalité, l’objectivité et la rationalité.
Rédigé par Samuel Cardinal, Alexy Paradis-Noël et Alexandre Gauthier dans le cadre du cours EDM1560 – Automne 2021 à l’UQAM.