La censure du corps sur les réseaux sociaux

L’algorithme, roi de la censure

La censure des corps sur les médias sociaux a fait l’objet de vives critiques ces dernières années. Les décisions arbitraires de l’algorithme de Facebook (Instagram), concernant les contenus jugés «inappropriés», n’ont pas fait l’unanimité. Lors de son lancement, le but de cet algorithme était de trouver du contenu personnalisé pour les utilisateurs et supprimer les contenus violents leurs directives.

Image tirée de : https://pin.it/38cvXGg

La vice-première ministre du groupe Adult Performers Actors Guild, a affirmé que l’algorithme d’Instagram supprime toutes les publications montrant 60% de peau. Pour répondre à cette controverse, Facebook a pris la parole. Celui-ci a nié ce fait en stipulant que leur algorithme n’identifie pas un pourcentage de peau. « This is not true. We have proactive AI technology to find content that is likely violating our policies which don’t allow for nudity, […] . We do not use an algorithm to identifying a percentage of skin. Facebook, [..]. »

En réponse à cette prise de parole de Facebook, Jessica Richman a expliqué qu’une femme plus mince, en maillot de bain, aura toujours moins de chair exposée (40% environ). Tandis qu’une femme de plus grande taille portant le même maillot de bain aura plus de chair exposée (environ 60%). Hormis le fait que l’image ne soit pas obscène, l’algorithme la supprime. Une autre situation semblable s’est déroulée sur Facebook, en janvier 2019. Gras Politique, un groupe d’activistes a réalisé une vidéo de danse, de dos, sans chemises. Le but était d’attirer l’attention sur le fait que les personnes de forte corpulence peuvent être belles. En dépit du fait qu’elle ne viola aucune norme communautaire, Facebook a décidé de la supprimer.

Instagram et Facebook ont fini par créer un algorithme qui stigmatise les corps obèses. De plus, l’algorithme restreint la liberté des femmes de montrer librement leurs corps, contrairement aux hommes.

Les hashtags pour libérer la parole

Les mamelons ?! Un sujet de controverse encore d’actualité. Depuis quelques années, le mamelon féminin fait le buzz sur les réseaux sociaux. Pourquoi y a-t-il une censure du mamelon féminin ? C’est une question que l’on se pose encore. Après cette question, le mouvement #FREETHENIPPLE (« Libérez les seins ») a vu le jour. Ce mouvement est apparu en 2012 lors de la préproduction du film Free the nipple. Ce film, réalisé par Lina Esco et écrit par Hunter Richard, dénonce la banalisation d’un homme torse-nu en public, alors que pour la femme, il était inacceptable de faire de même. Le hashtag sert à présenter ce mouvement.

Lorsqu’on recherche un hashtag sur Instagram, on peut retrouver toutes les publications comportant le hashtag recherché. Certains hashtags ont été censurés. Pour citer un exemple, plusieurs hashtags en lien avec la nudité et la pornographie ont été shadow-ban. Le shadow-banning étant une méthode utilisée pour restreindre l’accessibilité et la visibilité de certains contenus sans que les utilisateurs ou les créateurs de contenu s’en rendent compte. Or, l’accumulation de ces frustrations n’est pas que négative. Plusieurs groupes se sont liés pour lancer des mouvements tels que le #FREEALLBODIES (« Libérez tous les corps »). https://www.solocal.com/ressources/articles/definition-choix-hashtag

Les technologies utilisées pour censurer les corps sur les réseaux sociaux ne sont pas encore adaptées à notre réalité. La censure des corps féminins est une forme de discrimination sexiste ou plus communément appelée bodyshaming. C’est à travers les hashtags que l’on essaye de créer des mouvements qui permettront de s’opposer à la censure.

Les œuvres d’art face à la censure

L’humain n’est pas le seul à subir la censure de cette intelligence artificielle qui est incapable de dissocier les œuvres d’art de la réalité. Cette censure ubuesque a mené à la suppression de grandes œuvres comme : L’origine du monde de Gustave Courbet (1866), La liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix (1830). L’IA, considère ce type d’oeuvres comme allant à l’encontre des règles communautaires.

Des lieux comme l’Académie des beaux-arts ont posé la question de la liberté de la diffusion. Suite à cette censure, certains en sont venus à s’approprier des plateformes plus libres. Des lieux, comme les musées viennois, ont décidé de faire leur grande entrée sur OnlyFans (plateforme dédiée majoritairement à du contenu pornographique). En voyant leurs publications se faire censurer sur les réseaux sociaux, l’office de tourisme de Vienne a lancé une campagne sur OnlyFans. Ils y publient librement des photos de tableaux représentant des corps nus peints par des artistes comme Manet, Botticelli, etc.

Du fait de cette censure, de nombreux artistes ont décidé de ne pas se laisser faire. Pour citer un exemple, l’artiste suisse, Miss Me (@miss_me_art), s’est lancée depuis plusieurs années dans le street art. À travers ses Vandales (ses collages de femmes cagoulées aux corps nus). Elle s’oppose à la censure du corps de la femme sur les réseaux sociaux.

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Rédigé par Manel El faf, Aya Tefridj, Kalyna Beaulieu Santos, Jade Servien-Dioh